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LE SÉJOUR DE REVE : un élan créateur vers la transition écologique

Jeudi 15 Septembre 2022

Cet été, du 1er au 7 août, je me retrouve dans un magnifique gîte, à Dième. Au milieu d’une forêt du Beaujolais s’opère l’union entre nature et esprits vifs pour se lancer dans la transition écologique.



Qu’est-ce que le séjour de REVE ?

Le séjour de REVE (Résilience Écologique par une Vague d’Engagement), organisé par la pétillante et dévouée Graziella Ricciardi Larrodé (@l_audace_du_vers), a pour triple objectif : d’embarquer les participant.es dans la transition écologique et sociale par l’exploration d’outils de passage à l’action ; de s’épanouir dans l’engagement ; d’apprendre à le transmettre autour de soi. Le tout, en collectif : pour cette deuxième édition, nous sommes une dizaine, âgés de 15 à 51 ans, auxquels s’ajoutent différents intervenants au fil de la semaine. Au programme ? Cueillette sauvage avec un artisan-cueilleur, ateliers autour du « Travail qui relie », pédagogie ludique et scientifique autour du climat, de l’activisme, Fresque du Climat et des Nouveaux Récits, théâtre, écriture, balades sous les étoiles, ciné-débat, méditation, yoga et massages, exposition collective sur le vivant, etc. Le tout agrémenté de cuisine vegan/végétarienne et couronné d’une soirée à la ferme. Les liens se tissent, une puissante connexion s’établit et nous nous demandons ensemble : comment être acteurs et actrices de la transition écologique ?
 

LE SÉJOUR DE REVE : un élan créateur vers la transition écologique

Quel cadre pour ce séjour autour de l’écologie ?

Au séjour de REVE, le collectif prime : cuisine, séances de yoga ou de respiration le matin, petit déjeuner au soleil à déguster les si bonnes confitures de fruits sauvages des cueillettes d’Eddy, grande bibliothèque thématique participative, soirée de dégustation des produits locaux à la ferme, de chants et de danses avec les anciens du village… Et en même temps, Graziella est souple, elle s’adapte à l’énergie du groupe. Ainsi, les moments pour soi sont aussi précieux, respectés et encouragés. Ils ont même été nécessaires pour digérer certains ateliers assez intenses. Échapper au yoga du matin et faire la grasse matinée, lire ou dessiner, c’est aussi possible, le tout est de s’écouter et d’écouter les autres. C’est notamment ce qui m’a frappé lors de cette semaine : la bienveillance générale, comme rarement trouvée ailleurs. Chacun et chacune avait sa place. Nous avons beaucoup ri et joué, et je pense qu’il est important de le souligner : non, ce n’était pas dramatique ni lourd de parler de dérèglement climatique et de travailler sur nos émotions. Après avoir libéré nos peurs, nos tristesses et nos colères lors de l’atelier du « Travail qui relie » nous avons laissé place à la légèreté et la créativité. Blind-test des oiseaux, mimes (va mimer l’effet de serre, le banquier capitaliste ou un tofu…), dégustation de vin Beaujolais, Secret pas écolo (sur le principe de Secret Story, allez deviner qui a laissé s’envoler un masque dans l’océan et angoisse toujours d’avoir étouffé un dauphin), balades musicales sous les étoiles (on remercie le guitariste Romain). Puis une soirée de clôture, les visages pailletés emportés par les danses endiablées. Une nuit avec nos matelas sous le ciel étoilé et les sourires scotchés.

Quels ateliers et interventions au Séjour de REVE ?

Différents thèmes ont ponctué notre semaine pour “éclore dans la transition” selon les mots de Graziella. Premier jour, introspection. Deuxième jour, se donner de l’élan et se reconnecter à ce qui est vivant autour de nous. Puis, comprendre le dérèglement climatique ; acquérir des outils de passages à l’action ; s’épanouir dans l’engagement ; prendre soin de soi et des autres. 

 

Je ne décrirai pas ici tous les ateliers qui ont été menés, la semaine a été riche en expérimentations ! Ne pouvant pas tout dévoiler, j’ai donc choisi trois ateliers.



Le travail qui relie

Commençons par l’activité du début de semaine qui m’a vraiment marqué, animé par Géraldine. Le travail qui relie est une pédagogie « holistique » créée par Joana Macy dans les années 1980. C’est un moyen pour nous de répondre de façon créative aux crises dans le monde, mais également à une crise, un bouleversement personnel. 

 

Le travail se fait seul, à deux et collectivement, parfois avec de la musique, du mouvement, de l’écrit et du dessin (pas besoin de savoir dessiner ni d’avoir la plume d’un poète, promis), parfois du silence et de la lenteur. C’est l’occasion de s’autoriser à ressentir et à libérer nos émotions les plus profondes. Je pense que l’on peut parler d’un réel travail thérapeutique. 

 

Nous nous sommes laissés guider par Géraldine en traversant 4 étapes : gratitude (nous avons exprimé ce que l’on aimait autour de nous et chez nous-même) ; honorer sa souffrance (cette étape était éprouvante, un véritable rituel dans la nature, de la souffrance personnelle au soutien et à la créativité joyeuse ensemble) ; porter un nouveau regard (dialogue entre un humain du futur et un humain du présent), aller de l’avant (porter une intention, une piste d’action pour l’avenir, un rêve, en discuter ensemble pour l’aider à fleurir, ou plutôt à se donner de l’élan). 

 
Cet atelier a duré une journée (avec des pauses – nécessaires) et il est très difficile à retranscrire, autant pour moi que pour les autres participants : c’est un travail en profondeur qui a atteint son objectif « se reconnecter à son écologie profonde ». J’ai personnellement mis du temps à m’en remettre, mais dans le bon sens. Un réel travail sur soi s’accompagne de lâcher-prise, de prises de conscience, et de remises en question.



Les cueillettes d’Eddy

Pendant toute une après-midi, nous avons bu les paroles d’Eddy, artisan-cueilleur de la région. Nous avons aussi beaucoup échangé, si bien que nous n’arrivions pas à nous quitter (plutôt bon signe). J’ai appris comment fonctionnaient les sols, leurs différentes couches et les êtres vivants nécessaires à leur bonne santé, à reconnaître et cueillir des plantes comestibles autour du gîte (il y en avait beaucoup). Mais aussi qu’une à deux fermes par jour disparaît en France, qu’il faut 1000 ans pour reconstituer une forêt primaire. J’ai enfin été fascinée par la communication entre les arbres (physique, par les racines) et le rôle que l’humain a à jouer sur l’équilibre environnemental et là où il a clairement dépassé les limites. Si vous passez dans le Beaujolais, je vous conseille vivement d’assister à une des balades-cueillette d’Eddy, c’était une expérience très enrichissante et captivante.


La Fresque des Nouveaux récits

La Fresque des Nouveaux récits est un atelier collaboratif et ludique qui se déroule sur une grande fresque. Nous relions des phénomènes entre eux, pointant du doigt le formatage de nos sociétés, nos schémas limitants qui nous poussent à la surconsommation,  l’exploitation des ressources et au rapport matérialiste du bonheur.
 

Et ce, à l’aide d’un animateur (cf illustration insérer photo de l’atelier sur la terrasse). Cet atelier nous permet de créer de nouveaux récits pour faire émerger un futur compatible avec les limites planétaires. Comme des freins à la transition, ces récits sont en effet au cœur de nos comportements et de nos choix, ils guident nos objectifs de vie et nos désirs en société. Les changer sont un moyen efficace d’entamer une transition.
 

"Il faut sortir de l'idée que pour exister, il faut produire et consommer" - Cyril Dion (écrivain et réalisateur du documentaire « Animal »)

 

Pour le faire, il s’agit de lever les freins socio-cognitifs actuels, pour contrer par exemple l’infobésité, les récits publicitaires ou les récits alarmistes, en passant : 
 

  • Des normes socio-écocidaires aux normes sociales compatibles avec les limites planétaires et planchers sociaux
  • De l’American Way of Life (un mode de vie très matérialiste au bonheur) à une société de convivialité
  • De la division sociale (une attitude passive et polarisante) à un nouveau projet de société 
  • De l’immobilisme (optimisme ou pessimisme passif) aux prises d’action et à l’espérance
  • De la compétition à la coopération

 

Au sein de l’atelier, nous avons parlé de « L’économie du Donut », une économie pensée par l’économiste Kate Raworth, qui répond à la double urgence sociale et climatique. Elle définit en 12 besoins ce dont personne ne devrait manquer, essentiel pour l’épanouissement de chacun : c’est le plancher social. Mais cet épanouissement ne peut se réaliser sans un plafond extérieur : le plafond environnemental. Nous ne pouvons pas utiliser les ressources de manière trop intensive au risque de perdre totalement l’équilibre. Sachant que les limites de nombreuses de ces ressources ont déjà été dépassées…

Dans la seconde partie de l’atelier, nous avons imaginé des nouveaux récits en établissant un véritable plan d’action pour changer deux normes sociales : l’abondance à Noël et la voiture à la campagne. C’était un atelier d’écriture à la fois collective et individuelle. C’était très inspirant, et rien de mieux pour donner de l’élan et oser faire bouger les lignes !
 

"Si l'on veut construire une société différente, il faut être capable de l'imaginer" - Cyril Dion (écrivain et réalisateur du documentaire « Animal »)



L’écologie par l’art

Et en parlant de nouveaux récits, faire changer les esprits pour repenser le rapport au vivant passe aussi par la transmission ou la performance artistique. Pendant une journée, nous avons, aux côtés de Romain Bigo, comédien et animateur d’ateliers pour les enfants comme pour les adultes, improvisé et travaillé  la mise en scène de textes autour de l’écologie. La vie palpitante des fourmis, le récit d’un arbre brûlé, une femme qui va retrouver sa liberté volée au dans la nature en solitaire… Une soirée ciné-débat a également été proposée, autour d’un film dressant le portrait de citoyennes et de citoyens qui ont résisté à des projets climaticides par la désobéissance civile et dont les combats ont porté leurs fruits. Ou encore, l’organisation d’une exposition collaborative faite de peintures, dessins et poèmes autour du vivant.

 

À qui s’adresse ce séjour ?

À tout le monde. Il n’y a pas d’âge, de connaissances, ni de statut particulier à avoir. Si vous êtes sensibles à la cause environnementale, de près comme de loin, les séjours de REVE ne pourront que vous faire du bien à titre personnel et vous donner de l’élan pour vivre avec plus de joie. De l’élan pour oser se lancer dans des projets davantage en adéquation avec vos valeurs au sein d’un monde en pleine transition climatique. Nous avons encore le pouvoir de changer, et c’est déjà un très bon début de se rassembler.
 

Un prix très accessible et solidaire
 

Graziella a pris en main la gestion financière du séjour de A à Z, sans passer par le statut d’association. Seule une cagnotte a été ouverte quelques mois auparavant. Le prix total du séjour pour 7 jours était de 240 euros :  logement 113€ par personne / repas 70€ par personne / matériel 11€ par personne / interventions 46€ par personne.

À la fin du séjour, chacun et chacune pouvait ajouter à la cagnotte un montant selon un prix libre et conscient. 

 


Quelques idées d’actions pratiques à mettre en place

Pour aller plus loin, je vous propose une liste non-exhaustive pour diminuer notre empreinte carbone, qui est en moyenne à 10 tonnes/ an pour les Français, et qui devrait être à maximum 2 tonnes pour ne pas monter au-dessus de +2°C de réchauffement climatique…


TRANSPORT

 

Changer ses modes de transports : 
 

  • Éviter-arrêter l’avion (ce qui pollue le plus bien devant tous les autres modes de transport
  • Favoriser le covoiturage dès que possible 
  • Voyager à vélo, en rando ou en train (liste des 41 destinations paradisiaques à visiter en vélo ou en train par Greenpeace)
  • Apprendre à voyager autrement, plus lentement, par l’aventure et les rencontres plutôt que par la surconsommation touristique d’avion en avion et d’hôtel en hôtel

 

FINANCES

 

Changer de banque : surtout celles qui financent des projets climaticides (liste accessible sur Internet), pour des banques qui financent des projets éthiques et écologiques en totale transparence :

 

  • La NEF (épargne-livret)
  • Green Got (compte courant et épargne)
 

ALIMENTATION
 

  • Diminuer ou arrêter la consommation de viande (notamment la consommation de bœuf, de veau et de mouton qui pollue le plus)
  • Acheter local ou acheter des paniers aux agriculteurs en vous inscrivant à une AMAP (association pour le maintien de l’agriculture paysanne) près de chez vous, il y en a partout, environ 2000 en France 
  • Faire un compost quand c’est possible (il y a même des alternatives en ville)

 

PARTAGER

 

  • + de covoiturages (Blablacar)
  • + d’achats de seconde main (Vinted, Emmaüs, friperies, Leboncoin, Geev pour les dons…)
  • + d’échanges des services (couchsurfing, woofing, troc)

 

ÉNERGIES

 

  • Changer de fournisseur d’électricité quand c’est possible (ex : Enercoop)
  • S’informer sur les techniques pour moins chauffer l’hiver ou consommer moins d’électricité et d’eau (exemple : une chasse d’eau consomme en moyenne 9 L, il a des techniques pour réduire drastiquement cette consommation d’eau)

 

POLLUTION NUMÉRIQUE
 

  • Supprimer ses mails, ses spams, vider sa corbeille (notamment grâce à l’outil Cleanfox
  • Programmer un moteur de recherche « écolo » par défaut comme Ecosia (arbres plantés à chaque recherche) qui est très efficace
  • Acheter vos appareils électroniques reconditionnés, comme sur Backmarket (testé approuvé par moi-même depuis 5 ans pour les téléphones, ordinateurs, appareils photo, casques Bluetooth)
 

S’ENGAGER

S’engager au quotidien est essentiel, mais ce n’est pas le plus efficace. Le passage à l’échelle collective est nécessaire pour un changement systémique. Vous pouvez donc vous engager politiquement, dans une association par exemple. Et du balai le sentiment d’illégitimité, on n’attend pas d’être parfait ni zéro déchet pour s’engager dans une structure en lien avec la protection de l’environnement…

 



Sources et recommandations
 

Théorie du Donut par Oxfam

Comptes Instagram : BonPote, graine_de_possible (Camille Etienne)

Chaîne YouTube : Vert Chez Vous (de Swann Périssé)

Livres : Sapiens (Yuval Noah Harari) ; Le changement climatique expliqué à ma fille (Jean-Marc Jancovici)

Article :  Les 12 excuses de l’inaction et comment y répondre

BD : Un autre regard sur le climat (Emma)

Documentaire : Animal (Cyril Dion)

Podcast : Transition(s) - avec des rencontres inspirantes d’acteurs de la transition écologique

 

 

Remerciements

Au gîte Carpe Dième qui nous a chaleureusement accueillis ; à Eddy et sa transmission passionnée autour de la cueillette et du vivant ; à Géraldine et ses ateliers biophilisés (Facebook / Instagram) autour de la gestion des émotions pour les transformer en création ; à Guillaume pour avoir animé la fresque des nouveaux récits ; à tous les participant.es inspirant.es du séjour et à Graziella pour son engagement si positif. 

 

Pour ne pas rater les prochains séjours que Graziella animera, ça se passe sur Facebook (Séjours de Reve), sur Instagram (@sejour.dereve), ou par mail (sejoursdereve@etik.com)
 

Enfin, voici une petite vidéo du séjour pour illustrer ce récit et nous remémorer de beaux souvenirs...



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